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Colloque « Une aristocratie à l'Âge de pierre » : un premier bilan

Le colloque « Une aristocratie à l'Âge de pierre ? » s'est terminé avant-hier, et ce fut une bien belle rencontre, dans un cadre charmeur (quoique à la gastronomie traître). où durant trois jours, une petite troupe de préhistoriens et d'anthropologues ont confronté arguments et points de vue, dans une atmosphère alliant franche discussion et cordialité (pour ne pas dire bonne humeur). L'événement était d'autant plus réussi qu'il associait à la discussion la bonne cinquantaine de personnes venues assister aux débats, parmi lesquelles se trouvaient aussi bien des collègues que des étudiants et de simples curieux. Les échanges furent particulièrement riches en raison de la formule choisie, qui laissait une large place à la discussion, et que les intervenants ont tous joué le jeu en proposant des présentations directement en rapport avec la question posée.
La cerise sur le gâteau fut la conférence grand public donnée par Emmanuel Guy et moi-même le vendredi soir, qui a attiré presque une centaine de personnes et fut suivie d'une discussion nourrie.
L'intégralité des présentations et des débats sera bientôt en ligne sur le site du colloque. Mais en attendant, je dois dire que j'ai été particulièrement titillé par les échanges avec Charles Stépanoff, qui font suite à la discussion engagée dans L'Homme à propos du livre d'Emmanuel Guy. Charles pointe ce qu'il pense être un démenti à la loi sociale avancée par Testart, selon laquelle le stockage significatif suscite l'apparition de la richesse et des inégalités socio-économiques : selon lui, la côte pacifique de la Sibérie montre au contraire des sociétés maritimes et stockeuses dépourvues d'inégalités. Je soupçonne que le paradoxe provient en large partie du fait que l'inégalité qui serait ici absente n'est pas réellement celle de la richesse, mais d'une cristallisation formelle d'une hiérarchie (qu'elle soit d'honneurs ou politique), qui fait effectivement défaut dans cette zone. Toutefois, au-delà de ce qui est sans doute (sous réserve de vérification) un faux problème, il en est un vrai, que j'avais plusieurs fois effleuré, mais qui appelle d'être pleinement affronté : celui de sociétés marquées par la richesse mais dépourvues des traits associés à celle-ci par Testart (prix de la fiancée et wergild). Plus profondément, c'est la définition même de la richesse qui pose problème et qui, en réalité, n'a jamais été véritablement traité. Ce problème a été à la source de plusieurs incompréhensions dans nos débats, mais il constitue une pierre angulaire de tout raisonnement qui accorde un tant soit peu d'attention aux structures économiques.
Conclusion : et voilà un chantier supplémentaire, qui promet d'être aussi ardu qu'il est essentiel !

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