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Un prochain livre, et cinq « blurbs »

Le compte à rebours est déclenché ! Le 15 novembre paraîtra mon prochain livre, en anglais. Intitulé Justice and Warfare in Aboriginal Australia, il sera publié par Rowman & Littlefield (voir la présentation du livre sur leur site).
À cette occasion, j'ai appris ce qu'est un « blurb », terme que j'ignorais totalement. Il y a quelques semaines, cet éditeur m'a en effet demandé de récolter de brefs textes susceptibles de figurer en quatrième de couverture. Ceux-ci, émis par des spécialistes du domaine concerné, sont désignés sous le terme un peu guindé d'endorsement (qu'on pourrait traduire par une recommandation) ou, plus prosaïquement, de blurb – selon Google, « une courte description d'un livre, d'un film, ou d'un autre produit, écrite dans un but commercial  ».
Quoi qu'il en soit, je remercie chaleureusement les cinq collègues qui, sollicités, ont favorablement répondu à ma demande. Je me permets de reproduire ci-dessous, en les traduisant, les lignes qu'ils ont rédigées.

 

Mark W. Allen, Professor Emeritus of Archaeology
California State Polytechnic University at Pomona
Depuis plus d'un siècle, les anthropologues ont cherché à prendre le contrepied des vues ethnocentriques et unilinéaires de l'évolution des sociétés australiennes de chasseurs-cueilleurs, en soulignant la sophistication de leurs connaissances environnementales, l'efficacité de leur organisation sociopolitique et la complexité de leur cosmologie. Chez la grande majorité des anthropologues, cette approche repose sur le postulat tacite que l'Australie pré-européenne était un continent pacifique, où les conflits étaient résolus uniquement par la coopération et l'évitement. Ce point de vue a exercé un impact profond sur l'étude des origines de la violence et de la guerre dans l'histoire humaine. Une poignée d'universitaires ont réévalué cette hypothèse en tenant compte des éléments apportés par l'archéologie, la tradition orale, l'histoire, l'ethnographie et la culture matérielle. Ce livre constitue toutefois la première analyse complète de ce matériel. Darmangeat rassemble des preuves détaillées de la violence et de la guerre parmi les chasseurs-cueilleurs australiens, et les examine au prisme critique d'une perspective marxiste. Son insistance sur la nécessité de replacer les conflits dans le cadre des systèmes de justice traditionnels est particulièrement précieuse. Le résultat est une contribution essentielle, et depuis longtemps attendue, à l'étude des origines de la violence et de la guerre chez les chasseurs-cueilleurs.

 

Raymond Hames, Professor of Anthropology
University of Nebraska-Lincoln
Jusqu'au premier établissement colonial anglais, en 1788, le continent australien était uniquement peuplé de chasseurs-cueilleurs dont la vie sociale reflétait l'histoire humaine durant 95 % de notre existence. L'ouvrage de Darmangeat, intitulé Justice and Warfare in Aboriginal Australia, représente la source la plus riche et la plus complète de témoignages de violence jamais compilée pour ce continent, depuis la simple agression jusqu'aux feuds et aux guerres. À ce titre, les récits qu'elle présente sont donc essentiels pour notre compréhension des origines de la violence organisée. De manière tout aussi importante, sa classification théorique de la violence collective constitue un guide précieux pour les chercheurs.

 

Paul “Jim” Roscoe
, Professor of Anthropology
University of Maine
La question de la guerre dans l'Australie traditionnelle – les Aborigènes l'ont-ils pratiquée ? Et dans l'affirmative, comment et pourquoi ? – est devenue vitale dans les études sur les origines de la guerre humaine. Dans son ouvrage intitulé Justice and Warfare in Aboriginal Australia, Christophe Darmangeat apporte une contribution extrêmement précieuse en rassemblant une vaste base de données de récits très divers sur la violence aborigène, en évaluant ces éléments de preuves et en discutant de leurs implications pour la recherche actuelle sur la guerre et ses origines.

 

Peter Sutton, Senior Research Fellow
University of Adelaide, South Australian Museum
Il s'agit de la première étude exhaustive de la littérature sur la place de la violence collective dans l'Australie aborigène classique. L'approche, essentiellement classificatoire, implique de traiter la question des termes qui caractérisent les types de violence organisée, en particulier la “guerre” et le “feud”. Justice and Warfare in Aboriginal Australia constitue un complément des plus utiles à la littérature anthropologique sur la société australienne telle qu'elle existait avant la conquête par l'Empire britannique. En Australie, la nature de cette société a récemment suscité des échanges nourris dans les médias et le débat public. Ce livre est donc une contribution très opportune à notre compréhension du passé.

 

Paul S. C. Taçon, Professor of Anthropology and Archaeology
Griffith University
Christophe Darmangeat a produit un ouvrage exhaustif sur la justice et la guerre traditionnelles des Aborigènes australiens. J'ai ouvert le livre avec inquiétude, car le sujet est truffé de problèmes liés à la politique, aux définitions, aux interprétations, aux préjugés, à la partialité et aux données manquantes. Mais j'ai été agréablement surpris de constater que toutes les questions étaient abordées de front par une analyse clinique aussi rigoureuse qu'accessible. Ce livre méthodique, d'une lecture captivante, constitue un excellent dossier qui remet en question de nombreuses hypothèses anciennes sur les coutumes des chasseurs-cueilleurs.

6 commentaires:

  1. félicitations! Comme dirait un entraineur de hockey du Canadien de Montréal, à $105.00 on y va pas avec le dos de la main morte!

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    1. J'en suis parfaitement conscient... Mais croyez-bien que je n'ai pas eu mon mot à dire. J'ai l'impression que c'est la règle générale chez ce genre d'éditeur spécialisé dans des livres académiques, donc assez longs à fabriquer et qui ne peuvent espérer qu'une diffusion limitée.
      En tout cas, je peux vous assurer que ce ne sont pas les droits d'auteur qui font monter le prix.

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  2. Habituellement chez ce type d'editeur le prix élevé est lié au fait qu'ils peuvent les écouler facilement via les abonnements des bibliothèques universitaires. Si tu ne l'a pas déjà fait je te conseille de bien vérifier les clauses de réédition. Certains ouvrages disparaissent de la circulation parce que les éditeurs s'accaparent les droits tout en refusant de rééditer le bouquin après avoir écoulé leur petit tirage. Vu que les bibliothèques affiliés l'ont déjà acheté ils n'y voient aucun intérêt.

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    1. J'avoue ne pas avoir fait attention à cela, naïf que je suis. Et pour te dire à quel point j'ai le sens des affaires, je ne sais même pas quel est le volume du tirage...

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  3. Bravo pour cette publication mais j'espère qu'il y aura une version française de celle-ci n'est-ce pas ? ^^

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    1. Of course. Mais pour l'instant, on va dire pudiquement que le manuscrit a rencontré quelques difficultés d'ordre divers auprès des éditeurs pressentis, qui ont fortement ralenti sa publication.

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