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À voir sur ARTE : Robe noire

Hier soir, les hasards de la télécommande m'ont amené sur un film dont j'ignorais jusqu'à l'existence, et qui était diffusé sur ARTE. « Robe noire », tourné en 1991, raconte l'histoire d'un jésuite qui, au début du XVIIe siècle, doit se rendre depuis l'établissement de la future Québec, jusqu'à la mission située chez les Hurons. Guidé par un groupe d'Algonquins, Indiens alliés des Français, il doit donc entreprendre un voyage de quelques centaines de kilomètres et dont les premières scènes du film indiquent déjà qu'il ne sera pas de tout repos.
La grande force de ce film, outre les paysages grandioses dans lesquels se déroule l'action, c'est son souci de réalisme et d'exactitude. La culture matérielle des divers groupes indiens (Algonquins, Montagnais, Iroquois et Hurons), en particulier, est restituée avec minutie, et j'avoue avoir été impressionné par la reconstitution des vêtements, des armes et des habitats (le village fortifié iroquois et ses maisons-longues, en particulier, est extraordinaire). Quant aux comportements des intéressés, ils semblent aux aussi très réalistes, le réalisateur cherchant à montrer leur humanité sans les idéaliser en quoi que ce soit. Le scénario lui-même est construit à partir de faits historiques et de personnages existants : Champlain, bien sûr, que l'on rencontre au début. Mais les différents missionnaires jésuites, qu'il s'agissse du héros du film ou de son mentor mutilé par les Iroquois, sont directement inspirés d'individus bien réels – les missions jésuites ont laissé de leur passage en Iroquoisie une volumineuse série de rapports qui constitue une source ethnographique d'une très grande richesse.
Au final, le seul regret que l'on peut avoir est qu'en raison du choix scénaristique, la fenêtre de vue sur les sociétés indiennes reste relativement étroite, car conditionnée par les péripéties du voyage et du voyageur. On aurait aimé pouvoir pénétrer plus loin dans leur intimité et leur quotidien, et entrevoir davantage de leurs rapports sociaux qui, ici, ne sont qu'effleurés.
Quoi qu'il en soit, tant pour son esthétique que pour ce qu'il montre de ces peuples et de cette époque, ce film mérite absolument d'être vu (on le trouve en accès libre sur le site d'ARTE jusqu'au 10 novembre, et il sera rediffusé sur la chaîne d'ici là).
La bande-annonce du film (en anglais) :

1 commentaire:

  1. Je me permets d'ajouter un film qu'on peut voir sur Arte+ sur le monde Inuit : Atanarjuat.

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