tag:blogger.com,1999:blog-723451796098277031.post1664692078543227686..comments2024-03-28T23:12:08.410+01:00Comments on La Hutte des Classes: Échange d'équivalents, échange de non équivalents Christophe Darmangeathttp://www.blogger.com/profile/08757088447937100550noreply@blogger.comBlogger2125tag:blogger.com,1999:blog-723451796098277031.post-2579240828593732932015-11-14T19:31:42.320+01:002015-11-14T19:31:42.320+01:00Bonjour François
Un grand merci pour ta contribut...Bonjour François<br /><br />Un grand merci pour ta contribution, qui m’oblige à reconsidérer une partie de ce que j’écrivais précédemment – c’est la principale raison pour laquelle j’ai tardé à te répondre.<br /><br />Commençons par le plus simple, c’est-à-dire par la fin : en effet, je crois qu’en s’éloignant de l’échange d’équivalents, on glisse insensiblement de l’échange « pur » à des formes hybrides. Qu’on s’achemine vers le don ou vers le transfert contraint, il serait vain de vouloir situer précisément le lieu de basculement, comme je tentais de l’expliquer dans mon billet. <br /><br />J’en viens maintenant au cœur du problème – en tout cas, tel que je le comprends. J’écrivais que l’échange de non équivalents, dans le cas d’une vente à prix d’ami, est une combinaison de don et d’échange. Or, ce n’est pas tout à fait exact ; en tout cas, cette combinaison possède des traits particuliers.<br /><br />Dans l’article que j’ai écrit pour <i>L’Homme</i> (qui sera bientôt publié, et que tu as lu), j’étudie ce qui me paraît être les deux principales formes intermédiaires de transfert : l’indétermination (le flou juridique sur l’obligation) et la combinaison (le fait que l’obligation juridique ne pèse pas sur tous les éléments du transfert au même titre). Et je donne plusieurs exemples de l’un comme de l’autre.<br /><br />Mais dans le cas de la vente « à prix d’ami », en réalité, la combinaison d’échange et de don est tout autre. Car, du point de vue juridique (celui qui, seul, préside à la classification), l’acte est un échange pur. On ne peut même pas dire qu’il s’agirait de la superposition d’une vente « normale » et d’un don : en ce cas, s’il y avait défaut de paiement, le vendeur pourrait exiger le versement d’une somme supérieure. La vente à prix d’ami, et c’est ce qui m’avait totalement échappé lorsque j’avais écrit mon billet, n’est une combinaison d’échange et de don que dans la mesure où elle est un échange de droit (et de fait), et un don de fait. Si hybridation il y a, ce n’est qu’une hybridation entre le fait et le droit, et non entre différents cas de droit, comme celles que j’avais étudiées jusque-là.<br /><br />Le cas où le bas prix est obtenu sous la contrainte procède de la même logique ; mais au lieu que l’élément de fait qui se combine à l’échange de droit soit un don, c’est une extorsion fondée sur la tromperie ou la force illégitimes. Ce qui m’a induit en erreur est que cette tromperie, ou ce don, ont été classifiés par tes soins comme « transferts illégitimes » (en particulier t4t) et que je t’ai suivi sur ce terrain. Je ne le regrette pas ; mais il m’apparaît aujourd’hui plus clairement que les transferts illégitimes (et la sous-classification que j’ai proposé d’en faire dans mon article pour <i>L’Homme</i>) sont eux-mêmes des transferts de fait – plus exactement, ils sont des transferts de droit aux yeux de la communauté qui les effectue, mais ce sont des transferts de fait aux yeux de la communauté supérieure, dont le droit fait référence.<br /><br />Pour résumer, je propose donc d’établir que l’échange de non-équivalents articule toujours le droit et le fait. Du côté du droit, il se situe tout entier, et sans ambiguïté, du côté de l’échange. Du côté du fait, il tend à combiner l’échange (dans une mesure proportionnelle au degré de non-équivalence) soit au don, soit au t4t.<br /><br />Qui dit mieux ?Christophe Darmangeathttps://www.blogger.com/profile/08757088447937100550noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-723451796098277031.post-62693896325723153792015-10-30T13:04:22.631+01:002015-10-30T13:04:22.631+01:00Cher Christophe,
Ton texte sur l'échange d&#...Cher Christophe, <br /><br />Ton texte sur l'échange d'équivalents ou de non-équivalents est d'une grande clarté. Les positions que tu défends sont nettes, l'ensemble est très convaincant. <br /><br />Tu apportes vraiment des éléments décisifs à ce que Testart puis moi avons tenté de faire, et tes analyses mériteraient un examen approfondi. Je me limiterai ici à un seul point. <br /><br />Tu montres qu'en cas de non-équivalence entre les deux prestations de l'échange, l'échange tend à être "composé", ou hybridé: il tend vers le don (rabais du fait de l'interconnaissance des échangistes, préalablement à l'échange) ou vers le T4T (escroquerie, tromperie). Je parle en ce sens de transferts "hybrides", dans mon livre. <br /><br />Le point que j'ajouterais volontiers à ton analyse, c'est qu'alors la non-équivalence est signe, symptôme du fait que l'échange tend vers le don ou le T4T. (Je crois aussi qu'il peut y avoir des cas d'échange où la non-équivalence suggère une évolution vers le T3T : on peut penser à une situation de monopole d'un service quelconque, où le paiement du service tend à devenir taxe.) <br /><br />La non-équivalence est donc signe, symptôme, et non pas critère ou principe d'un changement de la structuration juridique (je dirais: déontique) du transfert en question. Et c'est en explorant, dis-tu, autre chose que la non-équivalence elle-même, mais plutôt le contexte où elle s’inscrit, que l'on peut savoir vers quoi elle fait signe (une escroquerie, ou bien un don). <br /><br />On peut souscrire à tes analyses tout en considérant que la structuration juridique (ou déontique) des transferts demeure autonome par rapport à la question de la valeur, et donc de l'équivalence ou de la non équivalence, des contenus des transferts. <br /><br />Et la question est alors de savoir quel est le statut de l'articulation entre les deux approches. Tu emploies à ce propos les notions de cohérence et de compatibilité. Je ne suis pas sûr qu’elles suffisent. <br /><br />La question me semble délicate. Si la non-équivalence peut effectivement être retenue comme une catégorie pertinente dans une classification des faits économiques – mais cela n'est peut-être pas assuré : après tout, on peut considérer qu’on passe par degrés, sans solution de continuité, de l’équivalence à la non-équivalence – alors les catégories des deux taxinomies se croisent. Car les faits rassemblés dans la seule catégorie de la "non-équivalence" dans une taxinomie peuvent relever de plusieurs catégories différentes dans l'autre taxinomie. Et nous pourrions alors rencontrer des difficultés si nous voulions préciser en quoi il y a compatibilité, ou cohérence, entre les deux, puisqu’alors il n’y aura pas de correspondance terme à terme de l’une à l’autre. <br /><br />Voilà ce que j'avais à dire dans l'immédiat. Merci beaucoup pour ce texte, en tout cas! <br /><br />François Athané <br /><br />Anonymousnoreply@blogger.com