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Un nouvel élément archéologique
sur l'ancienneté de la division sexuelle du travail

Durant son intervention lors de la soirée que nous avons animée à Toulouse la semaine dernière, Jean-Marc Pétillon a mentionné, entre autres indices archéologiques, une étude publiée tout récemment dans le Journal of Archaelogical Science. Celle-ci, menée notamment par Sébastien Villotte, un préhistorien de l'université de Bordeaux, et qui fait suite à sa thèse et à un précédent article de 2010 sur le même thème, consiste à comparer, sur les squelettes des membres supérieurs de différentes populations, certaines lésions osseuses appelées « épicondyloses ». Une forme particulière de cette lésion est en effet liée à la répétition de lancers brusques, et s'observe par exemple aujourd'hui parmi les joueurs de base-ball.

Je ne rentrerai pas dans les détails de la méthode suivie par ces chercheurs (j'en suis bien incapable), mais ils sont tout à fait affirmatifs : ces lésions se concentrent de manière très marquée sur les bras droits des squelettes masculins, depuis les plus anciens qu'il a été possible d'étudier jusqu'à l'époque néolithique. Je reproduis ici une partie de leur conclusion :
« La division sexuelle du travail dans l'utilisation des armes de jet est l'une des caractéristiques universelles les plus frappantes qui ressortent des études interculturelles (...) Nos résultats indiquent que les différences entre les sexes qui traduisent cette tendance remontent au moins à 30 000 ans. De plus, cette division sexuelle du travail constitue un trait persistant des groupes humains à travers les millénaires, et à travers des sociétés possédant des économies de subsistance radicalement différentes et vivant dans des environnements très divers. »
Insistons sur le fait que cette étude, si elle est fondée, indique une ancienneté minimale pour le monopole masculin des armes de jet ; elle laisse dans l'ombre les (dizaines, centaines, milliers... de) millénaires précédents, pour lesquels les squelettes sont trop peu nombreux pour être interprétés.


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